Et nous voilà repartis, pour notre grimpette vers le centre ville !!!

Nous visitons le Couvent-Musée de Santa Teresa

Bâti entre 1685 et 1691, ce vaste couvent de l’ordre des carmélites n’accueillent aujourd’hui  plus que 6 sœurs. Elles étaient jadis 21, venant de familles nobles. C’était la seconde fille de la fratrie, qui y entrait à l’âge de 15 ans et jusqu’à sa mort!!! Pour entrer dans les ordres, la famille devait apporter une dot équivalante,  à l’heure actuelle, à environ 100 000 euros, qui pouvait être versée, en numéraires, terrains, œuvres d’art….

Les sœurs ne pouvaient converser une heure par mois avec leur famille sans se voir, sous l’œil vigilant d’une autre sœur, et ce, jusqu’en 1962 à la suite du concile de Vatican II. Aujourd’hui, elles peuvent sortir pour aller voir le médecin et voter.

Nous visitons de nombreuses salles décorées de magnifiques tableaux baroques. Nous pouvons aussi y admirer des vêtements sacerdotaux, des instruments d’auto-flagellation, des travaux d’aiguilles, orfèvrerie, verreries de Murano, une bibliothèque. Nous passons par deux patios, dont l’un avec ses jolies colonnes bleues, est consacré aux fleurs, et aux plantes médicinales, et le deuxième patio est entouré des anciennes cellules des carmélites.

Puis ce sera, la reconstitution d’une cellule, l’infirmerie, la cuisine, le réfectoire avec un crâne devant la table centrale, pour rappeler aux sœurs qu’elles ne sont que poussière.

Nous terminons cette visite par la richissime église du couvent qui est maintenant accessible à tous.

Nous en aurons pris plein les yeux, avec une guide dynamique, qui, si elle faisait la visite en anglais, nous faisait aussi de sympathiques à-parte, dans un excellent français.

Un petit repas rapide dans un restaurant local, où Denis souffrira à tenter de manger une fricassée abominablement épicée (il faut qu’on prenne l’habitude de demander avant, car la cuisine bolivienne utilise facilement le piment !!!) . Pour ma part, je goûterai la spécialité locale, la k’arapulca, une soupe très épaisse à base de maïs, où l’on plonge une pierre chaude dedans pour la maintenir à température. C’était bien épicé aussi !!! Nous boirons un refresco, un mélange de jus de pomme et de quinoa.

L’après-midi sera consacrée à la visite de la mine de Potosi encore en activité, et ce, depuis 1546.  Nous avons longtemps hésité, pour une question purement humaine. Et puis voilà, nous sommes conduit par un chauffeur, et bénéficions d’une guide qui parle le français. Une visite vraie privée !!!

Nous nous arrêtons tout d’abord au marché des mineurs, où il est de coutume, pour les touristes d’acheter de la coca et de l’alcool pour les mineurs.

Les mineurs sont organisés en coopérative, depuis que l’état a abandonné l’exploitation minière, car pas assez rentable. Leur salaire  est supérieur à la moyenne (environ 2 500 à 3 000 bolivianos, alors que le salaire moyen est de 800 bolivianos) mais leur espérance de vie n’excède pas 45 ans, notamment en raison de la silicose

Arrivés, sur le site, nous sommes tout de suite et violemment confrontés aux conditions de travail dignes de Germinal. Je regrette tout de suite notre décision de venir. Notre guide m’incite à faire des photos, mais très vite, je donne mon portable à Denis. Nous voyons ces hommes pousser des charriots pouvant contenir une tonne de minerais, qu’ils déversent en contre-bas, et d’autres personnes, femmes ou hommes trient les roches du sable.

Puis, nous rentrons dans la mine, les pieds dans la boue car, il a beaucoup plus ces derniers jours. Au départ, il faut avancer courbés, à la lumière de nos frontales, puis la galerie s’élargit. Il faut être attentifs au bruit des charriots afin de se mettre sur le côté quand ils arrivent. Nous nous engageons dans une galerie désaffectée et nous nous trouvons face à « El Tio », le dieu du monde souterrain. Ressemblant plutôt au diable, il est vénéré par les mineurs. Ils lui font des offrandes (feuilles de coca, alcool, cigarettes….) le premier et dernier vendredi du mois, afin d’en obtenir la bienveillance.

Nous nous engageons dans une autre galerie où nous rencontrerons trois mineurs, qui se reposent un peu avant de reprendre le travail. Leurs conditions de travail sont effroyables. Ils descendent dans des trous profonds jusqu’à 160 mètres par des cordes ou des échelles. Ils remontent  le minerai soit avec des palans, soit à dos d’homme (les sacs pesant 40 kgs) afin de remplir les charriots, qui seront poussés par deux autres personnes. Nous aborderons aussi le problème inextricable de la pollution par des déchets et les métaux lourds.

Nous ressortirons tous les deux ébranlés par cette visite.

Notre retour à l’hôtel sera plutôt silencieux. Il nous faudra un grand moment pour que notre esprit revienne au présent, après cette plongée sous terre et dans le temps.