Nous continuons la piste, elle est la plus impressionnante de toutes celles que nous avons faites jusqu’à présent. Il y a 900 mètres de vide (facile de le savoir, puisque la veille nous étions au fond du ravin), juste la largeur pour un véhicule, et si il faut croiser nous sommes du mauvais côté. Mais le plus inquiétant est de savoir, combien les boliviens conduisent vite, sans avertir, et bien sûr, il est tout à fait possible de se trouver face à un camion !!! Chaque virage à gauche est un suspens !! Mais toute la vallée doit savoir que nous arrivons, car Denis ne lésine pas sur l’utilisation du klaxon !!!

Nous arrivons enfin à un village. Nous y faisons quelques courses et Denis se renseigne et quelqu’un lui confirme qu’effectivement, qu’un  certain …. Alberto pourrait nous dépanner !!! Forcément quelqu’un de bien, n’est-ce pas Daniel ???? Effectivement, il peut souder la pièce. Une fois, fait, le problème est de compresser le vérin, qui a une poussée de 100 Kgs. Eh bien pas de problème, il y a devant chez Alberto un tracteur avec un socle de charrue qui fera l’affaire, en abaissant ce dernier pendant que Denis tient le vérin à la vertical et sangle le vérin comprimé !!

Après deux bonnes heures de travail, le vérin de nouveau fonctionnel. Alberto nous demande une somme tellement dérisoire que nous la doublons à son grand étonnement et plaisir bien sûr. Sa femme Maria Elena vient nous voir avec « un povrecito », un monsieur handicapé nous expliquant qu’il n’a pas les moyens de se soigner….. Bien sûr que nous craquons !!!! Du coup, elle veut absolument nous inviter à déjeuner, nous déclinons gentiment son offre, donc, elle nous offre des fruits. Nous nous quittons après moultes embrassades et me demande mon numéro de téléphone pour avoir un numéro français !!!

Pendant de nombreux kilomètres, la piste est toujours aussi escarpée, mais nous sommes du côté de la paroi en cas de croisement, ce qui est beaucoup plus « confortable ». Au village d’après, nous nous faisons arrêter par un homme qui nous demande de l’emmener quatre vallées plus loin. Aujourd’hui sera donc une journée « taxi » puisque que nous prendrons des passagers trois fois de suite !!! C’est tellement plus agréable de se sentir utiles !! En revanche tous nous demandent combien ils nous doivent, et sont étonnés, mais ravis du service gratuit.

Le déjeuner du jour sera différent : une sorte de petit salé très parfumé servi avec du très gros mais blanc et des pommes de terre déshydratées par le froid. Cette technique permet de les garder plusieurs années. Elles sont donc toutes petites, toutes noires, même à l’intérieur, une texture de châtaigne, mais un goût indéfinissable. Nous ne sommes pas très fans, ni l’un, ni l’autre. Nous mangeons dans la rue, et à côté de l’étal du boucher qui coupe délicatement sa viande à coup de hache, au milieu d’un nuage de mouches. Nous sommes loin des belles boucheries d’Argentine !!!

Dans l’après-midi, la piste descend dans une vallée, où la végétation devient beaucoup plus luxuriante, si bien qu’à partir de 2 500 mètres, nous commençons à voir des bananiers !! Si la piste est devenue plus large, elle est beaucoup plus délabrée et poussiéreuse. Les villages se succèdent, bien délabrés eux aussi. A 1 500 mètres, nous retrouvons beaucoup plus de fleurs, des oiseaux colorés, des papillons, les majestueux manguiers (dommage, ils commencent juste à être en fleurs). Il ne faut pas oublier que le nord de la Bolivie est Amazonie, et nous devons en être à la lisière, ce qui n’était pas du tout évident sur la carte.

La coca est aussi partout, en plantation sur les versants abrupts et sur des bâches, en train de sécher, lorsque nous traversons les villages.

Nous constatons aussi, que les femmes sont de moins en moins nombreuses en costume traditionnel et que celui-ci est différent, car les jupes sont beaucoup plus longues et nous revoyons plus de chapeaux melons.

Ce soir, nous bivouaquons dans une station d’essence (ça faisait longtemps !!), le plus possible à l’écart de la piste pour éviter la poussière.