A neuf heures, nous embarquons en direction de L'isla del Sol. Après trois heures de navigation au sommet d'une embarcation poussive, nous débarquons un peu avant midi, à Challapampa, au nord de l'île. Le but du jour est de reprendre un bateau au maximum à seize heures au sud de l'île, par le sentier des crêtes, en faisant un détour par les ruines de Chinkana, ce qui fait une randonnée d'environ 10 kms. J'ai relevé le challenge avec une légère angoisse, car nous sommes toujours autour des 4 000 mètres!!!

Tous les passagers du bateau sont accueillis par un guide local, qui propose d'accompagner ceux qui veulent, jusqu'aux ruines. Pourquoi pas, d'autant plus que le feeling passe bien.

Finalement, nous serons quatre à accepter la proposition, un couple de brésiliens et nous.

Tout d'abord, cette île est la plus grande du lac Titicaca (9,6 kms de long pour 4,6 kms de large), et aucun véhicule motorisé n'y est autorisé. On s'y déplace à pieds ou aidé d'un âne pour le transport des marchandises. De ce fait, nous ressentons immédiatement le calme et la tranquillité qui y règnent. Deux communautés indigènes y vivent, indépendantes l'une de l'autre, les Aymaras et les Quechas.

Pour circuler sur les sentiers, nous devons payer un droit de passage, qui sert à la gestion de la communauté traversée. Ils vivent de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche, de l'artisanat et du tourisme. Ils sont quasiment autonomes au niveau de la nourriture, pratiquent le troc, et le travail communautaire à certains moment, mais chaque famille est propriétaire de sa terre. Toutes les terrasses que nous voyons et les chemins empierrés que nous empruntons, sont l'oeuvre d'une civilisation pré-inca... les Tiwanakos. Tout le long du parcours, le paysage qui se dévoile sous nos yeux est magnifique, l'intensité bleue du lac qui rencontre les neiges éternelles, ses plages de sable blanc s'insinuant doucement dans une eau pure, ces flancs de montagnes rayés de cultures et séparées de murets. Quelques ânes, mules, moutons divaguent tranquillement. Le long de chemin, des femmes autochtones, vendent artisanat, boissons, friandises ..... Après presque une heure de montée (le guide nous a cueilli quelques tiges de Muna, une plante très odorante, qui aide à supporter l'altitude) Nous arrivons aux ruines de Chicana, ou Palais de l'Inca, édifiées au XVième siècle, par les Incas qui firent de l'île un sanctuaire, dédié au Dieu Soleil. Nous y verrons la roche sacrée, d'où serait né le soleil, une table de sacrifice, pourrons goûter à la source sacrée et enfin errer dans un labyrinthe de maisons qui aurait servies de greniers. Notre guide nous invite, par ses récits à ressentir le côté mystique de ce lieu. Nous ressentons comment vibre en lui, la puissance de ces croyances.

Il est temps de commencer notre sentier. Le seul souci, c'est qu'au lieu des quatre heures prévues au départ, il nous en reste que trois, car finalement la visite vraiment très intéressante avec le guide, nous a néanmoins grignoté une heure!!! Et le challenge du départ se durcit sacrément!!!

Et maintenant, nous n'avons plus le choix, il va falloir tout donner. Et c'est parti pour parcourir les 8 kms de la "route sacrée de l'éternité du soleil", rien que ça!!! L'altitude est toujours difficile, mais entre "sniffer" de la muna, admirer le paysage magnifique le long de ce sentier sur ces crêtes arides, et l'échéance imparable de l'heure du bateau, nous arrivons à Yumani à temps (et même avec 20 minutes d'avance). La descente sur le port se fait par "l'escalier de l'Inca", de sacrées marches!!! Nous nous désaltérons à la Fontaine de Jouvence, on ne sait jamais, ça ne peut pas faire de mal!!! Finalement, l'air de rien, il y aura eu 500 mètres de dénivelé, ce qui n'est pas grand chose en soi, sur un chemin facile, mais à cette altitude, ça pique quand même!!!

De retour à Copacabana, pas trop envie de faire de la cuisine, et puis, nous avons quand même sacrément faim, ce sera restaurant!!!