7 heures, nous voilà prêts, dans le hall de l’hôtel, pour aller visiter les Iles Uros, les fameuses iles flottantes. Pour changer, nous avons pris la formule ultra-touristique, tout compris, le transport aller-retour en bus depuis l’hôtel, le guide, le transport en bateau, visite des iles, le repas, et dans un groupe d’une trentaine de personnes !! Bref, une nouveauté pour nous !!!

A peine installés dans le bateau, un chanteur entonne une chanson, s’accompagnant de sa flute de pan et de son charango. La deuxième sera en hommage à Pachamama, la déesse-terre. Nous ne sommes pas au Pérou depuis longtemps, mais nous ressentons plus qu’ailleurs la vénération à la Pachamama.

Au XIIIième siècle la tribu des Uros essayaient d’échapper à la tribu des Incas en s’enfuyant sur des radeaux construits en roseaux ou totora qui poussent en quantité sur les bords du lac Titicaca. Ils sont restés isolés au centre du lac pendant longtemps, ignorés des conquistadors espagnols et mêmes des gouvernements bolivien et péruvien. Actuellement, amarrées à six kilomètres de la côte, elles ont été abandonnées par les Uros dans les années 50, au profit des Aymaras qui les entretiennent et y vivent essentiellement du tourisme. Elles sont environ au nombre de 100, et 2000 personnes y vivent dessus.

Après dix minutes de navigation, nous abordons une des îles, accueillis par les femmes et le chef de cette petite communauté (en effet, nous apprendrons plus tard, qu’ils sont 16 dont 4 enfants). La première impression, c’est le côté meuble du sol lorsque nous sautons du bateau. Ensuite, le chef nous explique comment sont fabriquées les îles. La base est constituée d’un enchevêtrement de racines recouvert de nombreuses couches de totora (la partie aérienne de la plante). Cependant, la totora se dégradant naturellement les habitants doivent rajouter une couche fraiche quasi toutes les semaines. Bien sûr, il faut un ancrage pour ne pas dériver, ce dernier est assuré par des piquets en eucalyptus.  La totora sert aussi à construire, bateaux, maisons, meubles, et se mange, étant riche en iode. Nous y avons gouté, c’est croquant, ressemblant un peu à du cœur de palmier. Pour faire la cuisine, ils utilisent des réchauds en terre.

L’île où nous sommes est uniquement pour les touristes, car sur celles d’à côté, il y a des maisons en dur, ils ont l’électricité par des panneaux solaires, internet…., il y a deux îles- écoles, un centre de santé, une église. Bien sûr, ils se déplacent en bateaux à moteur entre les îles. Mais, c’est malgré tout une vie dure, du fait des conditions climatiques surtout.

Pendant ces explications, les femmes installent tout leur artisanat à vendre, et vont se montrer très persuasives !!! Il ne faut pas oublier qu’avec les problèmes politiques de ces derniers temps, il n’y a pas eu de touristes pendant cinq mois, sans parler de la crise du Covid antérieurement, et que nous sommes leur principale source de revenus.

Un petit tour, sur une embarcation traditionnelle, en totora bien sûr, avec ses têtes de pumas, des chants d’adieu, en plusieurs langues (se sera « sur le pont d’Avignon » pour les français) des embrassades, et nous remontons sur le bateau. Il est vrai que tout cela manque d’authenticité, mais, nous nous sommes ouverts à une autre culture et sans le tourisme, ces îles serait vouées petit à petit à disparaître.

Maintenant, nous partons en direction de l’ile de Taquile que nous atteignons après une heure trente de bateau. Il faut dire qu’elle se trouve à 45 km de Puno. Cette petite île de 6 km2 environ, abrite 2 000 habitants et servit de prison pendant la conquête espagnole, et au XXième siècle. L’Alcatraz du Pérou, en sorte !!! Comme sur l’Isla del Sol, il n’y a pas de véhicules motorisés. Le but de cette visite est la traversée à pieds de l’île dans sa largeur, pour aboutir au restaurant. Et nous voilà partis à la queue leu leu pour une bonne grimpette. En même temps, nous nous regardons avec Denis et pensons la même chose : nous ne sommes pas faits pour les voyages organisés, car nous aimons trop notre liberté !!!

Arrivés au restaurant, le guide nous parle de l’art textile et des coutumes qui lui sont liées. Par exemple, le Chullo, le bonnet porté par les hommes, indique leur statut social, les femmes tissent des ceintures pour leur futur mari, leurs cheveux servant de trame… Il faut dire qu’ici, les hommes tricotent et les femmes filent la laine et tissent. Il parait que l’art textile de Taquile est reconnu dans le monde entier, ce qui n’est pas étonnant lorsque l’on voit et peut toucher la qualité et la finesse du travail effectué.

Après cette démonstration, nous sommes invités à déguster le repas traditionnel de l’île : soupe de légumes et quinoa, truite grillée accompagnée de riz, pommes de terre et légumes, et, pour finir une tisane au choix, de coca ou de muna.

Puis ce sera le retour.

En résumé, sur le plan culturel, dans le sens ethnographique, cette journée aura été intéressante.  Cependant, il est clair pour nous, que tant que nous pourrons éviter ce genre d’excursion ultra touristique en groupe important, à la journée, ou plus, bien sûr, nous l’éviterons !!!